tèrent au canot, qui en fut bientôt rempli. Cette attention, de la part de ces bonnes gens, me toucha : je leur exprimai le plaisir que j’en éprouvais ; ils parurent sensibles à ce témoignage de ma satisfaction. Lorsque je retournai à bord, ils m’accompagnèrent dans leur pirogue. Arrivés près du vaisseau, ils s’arrêtèrent pour le considérer avec une surprise mêlée de terreur ; et cinq seulement se décidèrent avec beaucoup de peine à monter à bord. De petits présens les eurent bientôt rassurés. Un de nos officiers joua du violon ; des matelots dansèrent. Ce petit spectacle enchanta les Indiens. Impatiens d’en marquer leur reconnaissance, l’un d’eux courut à la pirogue et en rapporta un petit sac de peau de phoque, où était une graisse rouge dont il frotta le visage du joueur de violon. Il voulait me faire le même honneur : je refusai ; mais j’eus beaucoup de peine à me défendre de recevoir cette marque d’estime. Ces Indiens avaient conçu tant d’attachement pour nous, que ce ne fut pas chose aisée de les déterminer à rentrer dans leur pirogue. »
Sorti du détroit de Magellan le 9 avril 1765, le commodore eut le 26 la vue de l’île Masafuéro, et chercha ensuite inutilement la terre de Davis. Il fut porté de là aux îles qu’il nomma de Disappointment, parce qu’il ne put jamais y aborder.
« 7 juin. Je gouvernai, dit-il, sur la petite île, dont l’aspect, à mesure que nous en ap-