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maintenues à distance dans le milieu par un morceau de bois. Les Indiens lui parurent les plus stupides de toutes les créatures humaines. Malgré la rigueur du froid, ils n’avaient pour vêtement qu’une peau de phoque qui leur couvrait les épaules. Leur nourriture faisait soulever le cœur. Elle consistait en un gros morceau de chair de baleine, déjà en putréfaction et d’une puanteur insupportable. L’un d’eux découpait avec les dents cette charogne, et en présentait les morceaux à ses compagnons, qui les mangeaient avec la voracité des bêtes féroces. Cependant ils ne montrèrent pas d’indifférence pour les effets des Anglais qui leur convenaient ; car un matelot s’étant endormi, les Indiens lui coupèrent le derrière de son habit avec une pierre tranchante qui leur sert de couteau.

Tandis que Byron était mouillé près du cap Upright, sur la côte de la Terre du Feu, huit Indiens débarquèrent vis-à-vis des Anglais, et allumèrent du feu ; on leur fit vainement des signes pour les engager à monter à bord. Alors Byron s’embarqua dans sa iole, et alla les trouver. Ayant gagné leur bienveillance par de petits présens, il leur donna du biscuit. « Je remarquai avec autant de plaisir que de surprise, dit-il, que, si un morceau tombait à terre, aucun d’eux ne le ramassait sans m’en avoir demandé la permission. Nos gens se mirent à couper des herbes ; aussitôt les Indiens coururent en arracher, et la por-