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» Durant cette conférence muette, un vieillard posait souvent sa tête sur des pierres, fermait les yeux pendant près d’une demi-minute, portait ensuite la main à sa bouche, et montrait le rivage. Je soupçonnai qu’il voulait me faire entendre que, si je passais la nuit avec eux, ils me fourniraient quelques provisions ; mais je crus devoir me refuser à ces offres obligeantes.

» Lorsque je les quittai, aucun d’eux ne se présenta pour nous suivre : tous restèrent tranquillement assis. J’observai qu’ils avaient avec eux un grand nombre de chiens, dont ils se servent, je pense, pour la chasse des bêtes fauves, qui font une grande partie de leur subsistance. Ils ont de très-petits chevaux, et en fort mauvais état, mais très-vites à la course ; les brides sont des courroies de cuir avec un petit bâton pour servir de mors ; leurs selles ressemblent beaucoup aux coussinets dont nos paysans se servent en Angleterre. Les femmes montent à cheval comme les hommes, et sans étriers, et tous allaient au galop sur la pointe de terre où nous descendîmes, quoiqu’elle fût couverte d’une infinité de grosses pierres glissantes. »

Byron entra ensuite dans le détroit de Magellan pour faire de l’eau et du bois, et alla mouiller dans le port Famine, où il était à l’abri de tous les vents, excepté du côté du sud-est. Sa provision achevée, le 5 janvier 1765, il rentra dans l’Océan atlantique pour