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page fit très-commodément du bois et de l’eau.

Quelques naturels du pays s’approchèrent des Espagnols. Ils n’avaient pour tout vêtement que des peaux de guanaco, peintes en rouge, qu’ils portaient sur les épaules ; tout leur corps était de même barbouillé de rouge, à l’exception du visage, qui était frotté de craie blanche. Deux d’entre eux, plus grands que les autres, portaient des fourrures brunes d’un poil extrêmement doux, et sur la tête des peaux d’oiseaux de mer. Ils étaient armés d’arcs, de flèches garnies de cailloux aiguisés, de couteaux de pierre ; ils avaient pour ornemens des ceintures de cuir et des colliers de très-jolies coquilles. Les Espagnols ne purent rien comprendre à leur langage ; les sauvages répétaient sans cesse hoo, hoo, hoo. Ils témoignèrent une grande aversion pour ce qu’on leur offrit à boire et à manger. On les vit faire leur nourriture unique d’une herbe un peu amère, et d’une certaine fleur jaune assez semblable au souci, qui croît abondamment sur cette côte. D’ailleurs ils ne témoignèrent aucune inquiétude de voir les Espagnols ; ils déposèrent leurs armes à terre, et leur aidèrent à couper du bois et à puiser de l’eau. Ils avaient, de l’autre côté de la baie, une espèce de village composé d’une cinquantaine de cabanes construites en pieux et couvertes de roseaux. Ils parurent dociles et capables d’instruction, car en fort peu de temps on leur apprit à réciter l’oraison dominicale.