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vers une fort haute montagne qu’on aperçut au sud-ouest. Les pilotes avaient si peu de connaissance de leur route, que la ressemblance qu’ils trouvèrent à cette montagne avec celle de Gunapi, dans l’île de Banda, et à la hauteur qui était à peu près la même, leur firent juger qu’on était à la vue de cette ile ; mais bientôt on découvrit au nord trois ou quatre autres montagnes, à six ou sept lieues de la première, qui prouvèrent la fausseté de leur conjecture : derrière la première montagne, on vit à l’est et à l’ouest une si grande étendue de pays, partie haut et partie bas, que des deux côtés on n’en apercevait pas la fin ; et comme il s’étendait à l’est-sud-est, on crut enfin que c’était la Nouvelle-Guinée.

Le 7, avant le jour, on porta vers la montagne qui jetait des flammes de sa cime, et qui dirigeait le vaisseau par cette lumière, quoiqu’elle fût mêlée de fumée et de cendres. Le jour fit connaître que c’était une île bien peuplée et remplie de cocotiers, qu’on nomma l’île du Volcan. Les habitans envoyèrent quelques pirogues, dont chacune portait cinq ou six hommes, avec une espèce d’échafaudage élevé sur des bâtons, qui couvrait chaque petit bâtiment. Cette nouvelle méthode ayant paru suspecte, on employa le nègre Moïse pour prendre langue ; mais il ne put se faire entendre des sauvages. Ils étaient nus, à l’exception du milieu du corps ; les uns avaient les cheveux courts, et d’autres les avaient longs ; leur