Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/75

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insulaires avaient un soin extraordinaire de leur barbe et de leurs cheveux, et qu’ils se les poudraient de chaux. Ils étaient venus de trois ou quatre îles qui paraissaient remplies de cocotiers ; mais tous les signes par lesquels on croyait se faire entendre ne purent en obtenir des vivres. On jugea même, le jour suivant, que la cérémonie de rompre leurs zagaies n’avait été qu’une ruse pour surprendre le vaisseau. Les courans l’ayant fait dériver dans un calme qui dura toute la nuit, il se trouva le matin entre une île de deux lieues de long et une autre côte. Vingt-cinq pirogues remplies de sauvages ne tardèrent point à se présenter. On crut reconnaître une partie de ceux qu’on avait vus la veille, et Schouten ne fit pas difficulté de les laisser approcher. Il y avait à l’avant du vaisseau deux ancres à pic, et préparées pour mouiller, sur chacune desquelles un nègre alla s’asseoir, la rame à la main, dans l’opinion sans doute qu’ils pourraient mener le navire au rivage. Les autres tournaient alentour, et semblaient chercher le moyen d’y monter. Enfin, se croyant sûrs de leur conquête, ils commencèrent à lancer des zagaies et des pierres ; elles étaient poussées avec tant de vigueur, que, se rompant contre les mâts et le bordage, elles en faisaient voler de petits éclats. Un matelot fut blessé dans la première surprise, et les autres ne purent demeurer sur le pont ; mais au fort de cette attaque, et lorsque les sauvages se disposaient à monter à bord,