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miroir et d’autres bagatelles pour le roi. Ils trouvèrent sur le rivage un homme courbé sur des pierres, les mains jointes sur la tête et le visage contre terre. C’était le roi même, et cette posture était une révérence. Ils le relevèrent pour se rendre avec lui dans sa maison, qu’ils trouvèrent remplie de spectateurs ou de ses officiers. On étendit deux petites nattes, sur lesquelles le roi s’assit avec eux. Les trompettes ayant commencé alors à sonner, l’étonnement et la frayeur se répandirent également dans l’assemblée. Un seigneur, que les Hollandais prirent pour un second roi, ou pour la seconde personne de l’île, entra doucement, le visage tourné vers les étrangers, quoiqu’il marchât de côté. Lorsqu’il fut devant eux, il s’élança tout d’un coup derrière leur natte, en prononçant quelques mots d’un ton d’autorité ; ensuite il fit un grand saut en l’air pour retomber assis, les jambes croisées sous lui. Comme la chambre était pavée de pierres, les Hollandais s’étonnèrent qu’il ne se fût pas cassé les jambes. Il fit alors une harangue ou une prière, après laquelle on servit une sorte de limons, à peu près du goût des melons d’eau. Le breuvage était composé de racines bouillies. Entre les honneurs qu’on fit aux étrangers, on étendit quantité de nattes pour les faire marcher dessus. Les deux rois leur firent présent de leurs couronnes, qu’ils mirent eux-mêmes sur la tête de Le Maire et d’Aris. C’était un cercle de plumes blanches, longues et étroites, mêlées en