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Après cette espèce de traité, on ne trouva pas de difficultés à faire de l’eau. Cependant on y envoya toujours deux chaloupes, dont l’une était armée, pour défendre celle qui portait les tonneaux. Il s’y rendit un si grand nombre de sauvages, que les matelots en étaient embarrassés ; mais tout se passa sans désordre. Le roi s’empressait lui-même d’écarter les importuns, ou les faisait chasser par ses officiers, avec beaucoup de fermeté à se faire obéir. On ne vit pas moins d’insulaires autour du vaisseau. Un d’entre eux, étant monté par l’arrière, entra dans la chambre, d’où il emporta un sabre avec lequel il eut l’adresse de s’échapper à la nage. On dépêcha sur lui un canot qui ne put le joindre. Schouten fit porter ses plaintes aux officiers du roi : sur-le-champ ils cherchèrent le voleur ; et l’ayant amené, quelque éloigné qu’il fût déjà, ils mirent le sabre aux pieds de ceux qui le redemandaient. Ils montraient avec les doigts qu’ils lui passaient sur la gorge, que, si son crime était connu du roi, il lui en coûterait la tête. Depuis ce jour on ne s’aperçut pas du moindre vol à bord et sur le rivage.

Les insulaires redoutaient extrêmement les armes à feu. Une décharge de mousqueterie les faisait fuir en tremblant ; mais on les épouvanta beaucoup plus lorsqu’on leur fit entendre par des signes que les grosses pièces tiraient aussi ; le roi parut désirer une fois ce spectacle : on eut cette complaisance pour lui. Sa propre attente et toutes les assurances qu’on lui avait