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reconnaître entre la Nouvelle-Guinée et la Chine d’autres îles auxquelles une tradition, dont on ignorait l’origine, attribuait de grandes richesses. D’autres ont présumé, et cette opinion est la plus vraisemblable, que, le dernier voyage de Mendaña ayant donné une grande idée de la fertilité de l’île Santa-Cruz, et l’espérance de pouvoir soumettre ses habitans, on se proposait d’y former un établissement, un point d’appui et de relâche d’où l’on fût plus à portée de pousser les découvertes au sud, et de poursuivre la recherche de ce continent austral dont Quiros garantissait l’existence.

Quiros était persuadé qu’il restait un nouveau monde à découvrir, et que le fruit des découvertes surpasserait de beaucoup les espérances que l’on en pouvait concevoir. Il présenta à ce sujet deux mémoires au vice-roi du Pérou, qui lui répondit que sa demande excédait les limites de son autorité ; mais en même temps il lui conseilla d’aller en Espagne pour y faire valoir les motifs sur lesquels il fondait son projet, et le chargea de lettres qui l’appuyaient fortement. Quiros obtint le consentement de la cour ; et, muni des pouvoirs nécessaires, il retourna au Pérou, fit construire deux vaisseaux les plus solides et les plus forts en artillerie que l’on eût encore vus dans ces mers, ainsi qu’une corvette, et le 21 décembre 1605, il partit du Callao. Il dirigea sa route à l’ouest-sud-ouest jusqu’à mille lieues de la côte du Pérou, sans voir aucune terre.