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mirer la force et la grandeur du navire. Ils se glissaient en bas le long du gouvernail ; et, frappant sous l’eau contre le bordage, ils paraissaient observer sa force dans les différentes parties. Un autre canot apporta un sanglier noir, et l’on crut connaître à divers signes que c’était un présent de la part du roi, surtout lorsque ceux qui l’avaient apporté refusèrent les présens qu’on voulut aussi leur faire. Bientôt le roi vint lui-même dans une grande pirogue à voiles, de la forme des traîneaux qui servent en Hollande à courir sur la neige. Il était escorté de vingt-cinq canots. Le nom de sa dignité, qu’on entendit répéter plusieurs fois, était latou. On le reçut au son des trompettes et des tambours. Sa surprise parut assez vive pour faire juger qu’il n’avait jamais rien entendu d’approchant. Les insulaires de sa suite firent beaucoup d’honneurs et de caresses à l’équipage hollandais, ou du moins ils inclinaient souvent la tête ; ils frappaient dessus avec le poing ; ils faisaient d’autres postures qu’on ne pouvait prendre que pour des civilités. Le roi même, s’étant approché du vaisseau, poussa de grands cris, et parut témoigner sa joie par des agitations de corps qui furent imitées de tous ses gens. Il n’avait rien qui le distinguât d’eux. Dans sa nudité, qui était la même, on ne s’apercevait de son rang qu’à la soumission avec laquelle il était obéi. Schouten l’invita par des signes à passer à bord. Il n’eut pas la hardiesse de s’y