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dus. Pour quelques bijoux de verre dont on leur fit présent, elles donnèrent deux nattes très-fines, et quelques cocos, les seuls qui leur restaient, comme elles le firent entendre par leurs signes. En effet, on leur vit boire de l’eau de mer, dont elles donnèrent aussi à leurs enfans, ce que les Hollandais ne virent pas sans admiration.

Leur barque était d’une fabrique extrêmement singulière. Elle était composée de deux longs et beaux canots, entre lesquels il y avait quelque espace. Au milieu de chaque canot régnaient deux larges planches, d’un bois fort rouge, sur lesquelles l’eau pouvait couler, et d’autres planches les joignaient d’un bord à l’autre. Elles étaient fort bien liées toutes ensemble ; mais elles n’allaient pas jusqu’aux deux bouts. L’avant et l’arrière étaient couverts de longues pointes, ou de longs becs, qui n’étaient pas moins capables de les garantir de l’eau. Un des canots avait un mât, avec une voile d’artimon et sa vergue. Ce mât était terminé par un taquet. La voile était de nattes ; et de quelque côté que vînt le vent, ces sauvages savaient le prendre. Ils pouvaient faire leurs navigations sans boussole, et sans autres instrumens que des hameçons pour la pêche, dont le haut était de bois, et le bas d’un os noir, ou d’écaille de tortue. Ils en avaient même de nacre de perles. Leurs cordages étaient bons et de l’épaisseur d’un câble ; filés ou tissus d’une matière qui ressemblait beau-