Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/42

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais sur la brune il fut pris d’un calme, et pendant toute la nuit il ne fut porté que par les courans. On vit des milliers de baleines qui mirent l’équipage dans la nécessité de courir des bordées et de faire d’autres manœuvres pour les éviter.

Le matin du 25, on se trouva proche de la côte orientale, qui était fort haute et fort entrecoupée, et qui, du côté septentrional, courait à l’est-sud-est, autant que la vue pouvait s’étendre. On lui donna le nom de Staaten Land (Terre des États), et celle qui était à l’ouest fut nommée Maurice de Nassau. Schouten et Le Maire se flattèrent de trouver sur ces côtes de bonnes rades et des baies de sable, parce que des deux côtés on voyait des rivages sablonneux. Le poisson, les pingoins et les phoques y sont en abondance ; mais on n’y découvre pas un arbre. On avança beaucoup au sud-sud-ouest avec un vent du nord. On était à 55° 36′, d’où, gouvernant au sud-ouest, on remarqua que la côte méridionale de l’ouverture, depuis l’extrémité occidentale de la terre de Maurice de Nassau, courait à l’ouest-sud-ouest et au sud-ouest, et qu’elle ne cessait pas d’être haute et entrecoupée.

Vers le soir, le vent s’étant rangé au sud-ouest, les lames furent très-grosses pendant la nuit, et l’eau fort bleue ; ce qui fit conclure que ce parage était d’une extrême profondeur. On ne douta point que ce ne fût le grand Océan, et qu’on n’eût heureusement découvert