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captifs dans son propre domaine des gens d’une nation qui lui était alliée, et qui faisait un grand commerce avec ses sujets. Anson souhaitait ardemment d’être délivré de ses prisonniers espagnols. Cependant, pour relever le prix d’une faveur qu’il avait dessein d’accorder, il fit quelques difficultés, après lesquelles il feignit de céder au désir d’obliger le vice-roi. Les mandarins partirent ; et quatre jours après, quelques jonques vinrent prendre les prisonniers pour les transporter à Macao. Ensuite les deux vaisseaux allèrent jeter l’ancre au-dessus de la seconde barre, où ils devaient rester jusqu’à la mousson.

On passe sur un long détail d’injustices, de tromperies et de vols, que les Anglais essuyèrent de la part des Chinois avant de pouvoir se procurer, pour leur argent, les provisions dont ils avaient besoin pour retourner en Europe. L’auteur est fort éloigné de souscrire aux éloges que les missionnaires prodiguent à cette nation. « En fait d’artifice, dit-il, de fausseté et d’attachement pour le gain, il serait difficile de trouver dans un autre pays du monde des exemples comparables à ceux qu’on voit tous les jours à la Chine. Il en rapporte un grand nombre. Qu’on juge, ajoute-t-il, par ces échantillons des mœurs d’une nation qu’on préfère souvent au reste des humains, comme le modèle des plus excellentes qualités. »

Mais le chef d’escadre était moins inquiet de ces difficultés que de se voir presque à la fin