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dèrent comment il était possible qu’ils eussent été vaincus par un ennemi qui ne les égalait pas en forces, et pourquoi les Anglais ne les avaient pas tués tous, puisque les deux nations étaient en guerre. À la première de ces deux questions, les Espagnols répondirent que le Centurion, quoique beaucoup plus faible en équipage, était un vaisseau de guerre ; qu’il avait par conséquent beaucoup d’avantages sur le galion, qui n’était qu’un vaisseau marchand. La seconde difficulté s’expliquait d’elle-même par l’usage établi entre les nations européennes de ne pas donner la mort à ceux qui rendent les armes. Mais ils reconnurent qu’Anson, cédant à la bonté naturelle de son caractère, les avait traités avec plus de douceur qu’il n’y était obligé par les lois de la guerre. Cette réponse inspira aux mandarins beaucoup de respect pour lui, quoique l’auteur n’ose assurer que le bruit des trésors dont il était en possession n’eût autant de part à ce sentiment que la haute idée qu’ils avaient conçue de son caractère.

Le 20, trois mandarins, accompagnés d’une suite fort nombreuse et d’une flotte de chaloupes, vinrent à bord du Centurion, et remirent au chef d’escadre un ordre du vice-roi qui leur accordait chaque jour une certaine quantité de vivres, et des pilotes pour conduire les deux vaisseaux jusqu’à la seconde barre. Ils ajoutèrent, en réponse à sa lettre, que le vice-roi s’excusait de recevoir sa visite