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nant que, dans un assez long voyage, cette affreuse misère n’en fit pas mourir un seul ; mais un mois d’une si rude prison les métamorphosa si singulièrement, qu’ayant paru forts et vigoureux lorsqu’ils y étaient entrés, ils en sortirent avec l’apparence d’autant de squelettes ou de fantômes.

Pendant qu’on prenait toutes ces mesures pour la sûreté des trésors et des prisonniers, Anson faisait gouverner vers la rivière de Canton, et le 30 juin au soir, on eut la vue du cap de l’Engano. Le lendemain on vit les îles de Bachi et le 11, les Anglais prirent à bord deux lamaneurs chinois ; l’un pour le Centurion, l’autre pour la prise ; et, ne rencontrant aucun obstacle, ils arrivèrent heureusement devant la ville de Macao.

Ils avaient eu le temps, dans un si long intervalle, de compter la valeur du butin. Elle montait à un million trois cent treize mille huit cent quarante-trois piastres, et trente-cinq mille six cent quatre-vingt-deux onces d’argent en lingots ; outre une partie de cochenille, et quelques autres marchandises d’assez peu de valeur en comparaison de l’argent. Cette prise, jointe aux autres, faisait à peu près la somme totale de quatre cent mille livres sterling, sans y comprendre les vaisseaux, les marchandises, etc., que l’escadre anglaise avait brûlés ou détruits aux Espagnols, et qui ne pouvaient aller à moins de six cent mille livres sterling. Ainsi l’auteur estime la perte de l’Es-