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temps perdu à Macao les eût empêchés de faire deux prises au lieu d’une.

Après l’action, ils résolurent de ne pas perdre un moment pour retourner dans la rivière de Canton. Cependant, Anson se crut d’abord obligé de faire transporter les trésors espagnols à bord du Centurion, et cette précaution était d’une extrême importance. La saison faisant craindre un fort mauvais temps dans une navigation qui devait se faire à travers des mers peu connues, il fallut qu’un butin si précieux se trouvât sous les yeux du chef d’escadre, et qu’il fût assuré contre toutes sortes d’accidens par la fidélité de l’équipage et par la bonté du vaisseau. Il n’était pas moins important de s’assurer des prisonniers ; de là dépendaient non-seulement les trésors, mais la vie même des vainqueurs. Les Espagnols étaient plus nombreux du double que ceux qui les avaient pris ; et quelques-uns d’entre eux, observant la faiblesse de l’équipage anglais, dont une partie n’était composée que de jeunes gens, regrettèrent, avec plusieurs marques d’indignation, d’avoir été vaincus, disaient-ils, par une poignée d’enfans. Pour leur ôter les moyens de se révolter, ils furent tous mis à fond de cale, sans autre exception que les officiers et les blessés, avec deux écoutilles ouvertes pour donner passage à l’air. On fit de quelques grosses planches deux espèces de tuyaux, dont le vide joignait l’écoutille du premier pont à celle du second. En facilitant l’entrée de l’air à fond de