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sés, entre lesquels on comptait un lieutenant. L’auteur conclut que les meilleures armes ont peu d’effet entre les mains mal exercées à s’en servir.

On n’entreprend point de représenter les transports de l’équipage anglais lorsqu’il se vit en possession d’un trésor qui avait fait depuis si long-temps l’unique objet de ses espérances, et pour lequel il avait tant souffert. Dans le même instant, il ne s’en fallut presque rien qu’un bonheur si grand ne fût anéanti par l’accident le plus funeste. À peine l’ennemi eut-il baissé pavillon, qu’un des lieutenans d’Anson, s’approchant de lui sous prétexte de le féliciter, lui dit à l’oreille que le feu avait pris au Centurion, fort près de la soute aux poudres. Le chef d’escadre reçut cette nouvelle sans émotion, et la sagesse de ses ordres fit éteindre l’incendie.

Il donna le commandement de la prise à Saumarez, son premier lieutenant, avec rang de capitaine de haut bord. Tous les prisonniers espagnols furent envoyés à bord du vaisseau anglais, à l’exception de ceux qu’on crut nécessaires pour aider à la manœuvre du galion. On apprit d’eux que l’autre galion, que les Anglais avaient empêché l’année d’auparavant de sortir d’Acapulco, n’avait point attendu l’arrivée de celui qu’ils avaient pris ; et qu’ayant mis seul à la voile il devait être arrivé à Manille avant que le Centurion se fût porté au cap Spiritu-Santo. Les Anglais regrettèrent que le