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qu’ils commencèrent à perdre courage. Anson s’aperçut de leur désordre. Il voyait de son bord les officiers espagnols qui parcouraient le galion pour retenir leurs gens à leurs postes. Mais tous leurs efforts devinrent inutiles. Après avoir tiré pour dernier effort cinq ou six coups de canon avec assez de justesse, ils se reconnurent vaincus, et leur pavillon ayant été emporté au commencement de l’action, ils amenèrent l’étendard qui était au sommet du grand mât. Celui qui fut chargé de cette dangereuse commission aurait été tué par les fusiliers, si le chef de l’escadre, qui comprit de quoi il était question, ne les eût empêchés de tirer. Ainsi la victoire ne coûta plus rien aux Anglais. Le galion se nommait Nuestra Señora de Cabadonga. Il était commandé par le général don Géronimo de Montéro, Portugais de naissance, le plus brave et le plus habile officier que l’Espagne eût aux Philippines. Non-seulement il était plus grand que le Centurion, mais il avait à bord cinq cent cinquante hommes, trente-six pièces de canon, et vingt-huit pierriers. L’équipage était bien pourvu de petites armes, et le vaisseau bien muni contre l’abordage, tant par la hauteur de ses plats-bords que par un bon filet de cordes de deux pouces, dont il était bastingué, et qui se défendait par des demi-piques. Les Espagnols eurent soixante-sept hommes de tués dans l’action, et quatre-vingt-quatre blessés. Le Centurion ne perdit que deux hommes, et n’eut que dix-sept bles-