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Pendant une demi-heure les Anglais dépassèrent le vaisseau ennemi, et foudroyèrent son avant. La largeur de leurs sabords les mettait en état de faire jouer toutes leurs pièces, tandis que le galion ne pouvait employer qu’une partie des siennes. Dès le commencement de l’action, les nattes dont ses bastingues étaient remplies prirent feu, et jetèrent une flamme qui s’élevait jusqu’à la moitié de la hauteur du mât de misaine. Cet accident, qui parut causé par la bourre du canon des Anglais, jeta leurs ennemis dans une extrême confusion ; mais il fit craindre aussi au chef d’escadre que le galion n’en fût consumé, et que le feu ne communiquât même à son vaisseau. Enfin les Espagnols se délivrèrent de cet embarras en coupant leurs bastingues, et faisant tomber dans la mer toute cette masse enflammée. Le Centurion n’en conserva pas moins l’avantage de sa situation. Son canon était servi avec autant de régularité que d’ardeur, tandis que ses fusiliers, placés dans les hunes, découvraient tout le pont du galion, et qu’après avoir nettoyé les hunes ennemies, ils tuaient ou mettaient hors de combat tout ce qui se montrait sur le pont. Ce feu continuel causa un mal infini aux Espagnols. Leur général même fût blessé. Cependant, après une demi-heure de combat, le Centurion perdit l’avantage de sa situation, et l’ennemi continua de soutenir son feu pendant plus d’une heure ; mais enfin le canon anglais, chargé à mitraille, fit une si terrible exécution