Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/364

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et le tirer lorsqu’ils le trouvaient chargé. Cet ordre le mit en état de se servir de toutes ses pièces ; et, ne pensant point à tirer par bordées, entre lesquelles il y aurait eu nécessairement des intervalles, il ordonna d’entretenir un feu continuel, dont il se promettait d’autant plus d’avantages, que l’usage des Espagnols est de se jeter ventre à terre lorsqu’ils voient une bordée prête à partir, et d’attendre dans cette posture qu’elle soit lâchée ; après quoi ils se relèvent pour servir assez vivement le canon et la mousqueterie, jusqu’à ce qu’ils se croient menacés d’une autre bordée. En tirant coup sur coup on comptait leur faire perdre tous les avantages de cette méthode.

Le Centurion, se trouvant à la portée du canon ennemi, arbora pavillon. Anson crut observer que les Espagnols avaient négligé jusqu’alors de débarrasser leur vaisseau, et qu’ils étaient occupés à jeter dans les flots leur bétail et tout ce qui leur était incommode ; il fit tirer sur eux ses pièces de chasse, quoique l’ordre général fût de ne tirer qu’à la portée du pistolet. Le galion répondit de ses deux pièces de l’arrière, et le Centurion se disposant à l’abordage, les Espagnols affectèrent de l’imiter. Bientôt il se plaça sous le vent des ennemis, et côte à côte, pour les empêcher de gagner de l’avant, et de se jeter dans le port de Jalapay, dont ils n’étaient éloignés que de sept lieues. Ce fut alors que le combat devint fort vif.