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Le 20 juin, c’est-à-dire un mois après leur arrivée, ils furent délivrés de cette cruelle incertitude. À la pointe du jour on découvrit une voile au sud-est. Le chef d’escadre ayant fait porter aussitôt vers ce bâtiment, on le reconnut pour un des galions ; mais on fut surpris qu’il ne changeât point de route, et qu’il portât toujours sur le Centurion. Anson ne pouvait se persuader que les Espagnols l’eussent reconnu à son tour. Cependant il ne put demeurer long-temps en balance, ni douter même qu’ils n’eussent pris la résolution de le combattre.

Vers midi les Anglais se trouvèrent à une lieue du galion, et, ne voyant pas paraître le second, ils conclurent qu’il en avait été séparé. Bientôt les Espagnols hissèrent leur voile de misaine, et s’avancèrent sous leurs huniers, le cap au nord, avec le pavillon et l’étendard d’Espagne au haut du grand mât. Anson s’était préparé aussi pour le combat, et n’avait pas négligé ce qui pouvait lui faire tirer meilleur parti de ses forces. Il avait choisi trente de ses plus habiles fusiliers, qui furent distribués dans les hunes, et dont les services répondirent à son attente. Comme il n’avait pas assez de monde pour donner un nombre suffisant d’hommes à l’artillerie, chaque pièce de la batterie d’en bas n’en eut que deux pour la charger. Le reste était divisé en petites troupes de dix ou douze, qui parcouraient l’entre-deux des ponts, pour mettre le canon aux sabords,