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bonne quantité de munitions fraîches, qu’ils avaient en la prudence de ménager, et vingt-trois hommes de recrue qu’ils avaient faite à Macao, la plupart Lascarins ou matelots indiens, et quelques Hollandais. Le chef d’escadre avait publié qu’il partait pour Batavia, et de là pour l’Angleterre. Quoique la mousson de l’ouest fût commencée, et que le voyage qu’il paraissait entreprendre passe pour impossible dans cette saison, il avait témoigné tant de confiance dans la force de son vaisseau et dans l’habileté de son équipage, que toute la ville de Macao, et ses gens mêmes, étaient persuadés qu’il voulait se signaler par une expérience si hardie ; et plusieurs habitans de Macao et de Canton s’étaient servis de cette occasion pour écrire à leurs correspondans de Batavia.

Mais ce n’était qu’un voile qui cachait des desseins beaucoup plus importans. Anson considérait que, le vaisseau d’Acapulco n’ayant pu partir l’année précédente, il y avait beaucoup d’apparence que cette année il en partirait deux du même port. Il avait pris la résolution d’aller les attendre au cap Spiritu-Santo, dans l’île de Samal. C’est ordinairement au mois de juin qu’ils y arrivent ; il se promettait d’y être assez tôt pour les y attendre. À la vérité on représentait les galions comme de gros et forts bâtimens, montés chacun de quarante-quatre pièces de canon, et de plus de cinq cents hommes. Il devait même compter qu’ils s’es-