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entier à presser des agens sans crédit et de mauvaise foi. Dans le chagrin de ne pouvoir faire entendre ses plaintes, il résolut de prendre une autre voie. De son bord, où il se fit reconduire, il écrivit au vice-roi pour lui représenter « qu’il était commandant en chef d’une escadre de sa majesté britannique, envoyé depuis deux ans dans la mer du Sud pour croiser sur les Espagnols, qui étaient en guerre avec le roi son maître ; qu’en retournant dans sa patrie, une voie d’eau et la nécessité de se pourvoir de vivres l’avaient forcé d’entrer dans le port de Macao ; qu’il s’était rendu à Canton pour y demander les secours dont il avait besoin ; mais qu’ignorant les usages du pays, il n’avait pu trouver d’accès à la cour, et qu’il se voyait réduit à faire renfermer ses demandes dans une lettre ; qu’elles consistaient dans la permission de prendre les ouvriers nécessaires pour réparer son vaisseau, et d’acheter des vivres pour se mettre en état de partir avant la fin de la mousson. »

Cette lettre, traduite en chinois, produisit l’effet qu’il en avait attendu. Deux jours après, un mandarin du premier rang, et gouverneur de la ville de Fo-chan, accompagné de deux mandarins d’une classe inférieure et d’une nombreuse suite de domestiques, parut sur une escadre de dix-huit demi-galères, décorées de pavillons et de flammes, et chargées de musiciens et de soldats. Il fit jeter le grapin à l’avant du Centurion ; ensuite il envoya déclarer au chef