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que les Chinois se relâchassent sur le paiement des droits ; mais que le gouverneur lui offrait un pilote pour le conduire à Tipa, port voisin, sûr et propre au radoub du vaisseau, où vraisemblablement les Chinois ne lui demanderaient pas l’impôt.

Les Anglais, ayant goûté cette proposition, levèrent l’ancre et se rendirent à Tipa, port formé par plusieurs îles, et situé à six lieues de Macao : ils saluèrent le château de onze coups de canon, qui leur furent rendus au même nombre. Le lendemain, Anson se fit mettre à terre pour se procurer un entretien avec le gouverneur portugais, dans l’espérance d’en obtenir des provisions. Il en fut reçu fort civilement, avec promesse de fournir au vaisseau tout ce qu’on y pourrait porter sous main ; mais, loin de pouvoir l’aider ouvertement, les Portugais avouèrent qu’ils ne recevaient eux-mêmes leurs provisions qu’avec la permission du gouvernement chinois, et qu’ils étaient absolument dans sa dépendance. Anson prit le parti de se rendre lui-même à Canton, et d’adresser ses demandes au vice-roi. Il eut besoin de prendre un ton menaçant pour obtenir du hoppo ou du douanier chinois la liberté de s’embarquer dans une chaloupe du pays. En arrivant à Canton, il consulta les officiers des vaisseaux anglais sur la conduite qu’il devait tenir dans cette cour. On lui conseilla d’employer la médiation des marchands ; fausses mesures qui lui firent perdre un mois