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La surprise des Anglais fut extrême, au lever du soleil, de se voir au milieu d’un nombre infini de bateaux qui couvraient toute la mer. L’auteur ne croit point exagérer en le faisant monter à six mille, dont chacun portait trois, quatre ou cinq hommes, mais la plupart cinq. Cet essaim de pécheurs est le même sur toute cette côte jusqu’à Macao. Anson se flatta que parmi tant de marins il se trouverait un pilote qui consentirait à servir de guide au vaisseau. Mais il n’y eut point d’offre qui pût en engager un seul à venir à bord, ni à donner la moindre instruction. Lorsqu’on leur répétait le nom de Macao, ils présentaient du poisson pour seule réponse, sans marquer la moindre curiosité pour un spectacle aussi nouveau pour eux qu’un grand vaisseau de l’Europe, et sans se détourner un moment de leur travail. Une insensibilité qui s’accordait si peu avec les éloges qu’on a donnés au génie de leur nation ne prévint pas les Anglais en leur faveur. Anson fut réduit à se conduire par la faible connaissance qu’il avait de leurs côtes.

Cependant un pilote chinois vint offrir ses services en mauvais portugais. Il demanda trente piastres, qui lui furent comptées sur-le-champ. On apprit de lui qu’on n’était pas loin de Macao, et que la rivière de Canton, à l’embouchure de laquelle cette île est située, avait alors onze vaisseaux européens, dont quatre étaient anglais. Anson alla mouiller dans la rade de Macao.