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le 21 octobre on fut en état mettre à la voile.

La mousson de l’est semblait bien fixée. On eut en poupe un vent frais et constant, avec lequel on fit d’abord quarante et cinquante lieues par jour. Il restait des craintes pour l’ancienne voie d’eau, qui n’avait pas été réparée si parfaitement qu’une mer violente ne pût l’augmenter. Mais tout l’équipage était dans une si parfaite santé, qu’il se soumettait sans plaintes et sans impatience aux travaux de la manœuvre et de la pompe.

Le 3 novembre, on découvrit une île qu’on prit à la première vue pour celle de Botol-Tobago-Xima ; mais elle parut plus petite qu’on ne la représente ordinairement. Une heure après on en vit une seconde, cinq ou six milles plus à l’ouest ; les cartes et les journaux de marine qu’on avait à bord ne faisant mention d’aucune autre île, à l’est de Formose que celle de Botol-Tobago-Xima, l’impossibilité où l’on se trouvait de prendre la hauteur à midi fit craindre que le vaisseau n’eût été poussé par quelque courant dans le voisinage des îles de Bachi. Une juste précaution fit amener les voiles pendant la nuit, et l’on demeura dans cette incertitude jusqu’au lendemain, que le jour fit revoir les deux mêmes îles. Alors Anson fit porter à l’ouest, et deux heures après, on découvrit la pointe méridionale de l’île Formose. On eut bientôt la vue des côtes de la Chine. On demeura au large pour attendre le jour.