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donne une description détaillée des terres qu’il a découvertes. Il dit à Philippe iii que l’idée qu’il a conçue de l’étendue de ces terres est fondée sur ce qu’il a vu de ses propres yeux, et sur le rapport que Torrès, qui commandait sous ses ordres, a fait à sa majesté. « D’après son témoignage et le mien, ajoute-t-il, votre majesté peut être certaine que l’étendue de ces terres surpasse celle de l’Europe, de l’Asie mineure, de la mer Caspienne et de la Perse ensemble, avec toutes les îles de la Méditerranée et de l’Océan, y compris l’Angleterre et l’Irlande. » Plus bas il ajoute que ces terres inconnues occupent le quart de la surface du globe ; l’exagération est forte ; elle vient sans doute de ce que Quiros était persuadé que toutes les îles et les terres qu’il avait vues, tant dans son dernier voyage que dans celui qu’il avait fait avec Mendaña en 1595, appartenaient à un grand continent qui, s’étendant de l’équateur au pôle antarctique, se prolongeait de l’est à l’ouest jusqu’au voisinage de l’Asie. Après avoir vanté la douceur du climat, la fertilité et tous les autres avantages de cette terre australe dont les contours ont long-temps figuré sur les cartes, Quiros termine son mémoire par une longue et ardente supplique dans laquelle il résume et accumule tous les motifs qui peuvent intéresser l’ambition, la vanité, l’avarice et la dévotion du monarque, et l’engager à former un grand établissement dans les îles dont il a pris possession au nom de sa majesté