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ayant ôté l’espérance de revoir le vaisseau, ils se livrèrent avec ardeur au projet de leur délivrance. Si l’on considère combien ils étaient mal pourvus de tout ce qui était nécessaire à l’exécution, il paraîtra surprenant qu’Anson pût se promettre non-seulement d’allonger la barque, mais de l’avitailler, et de la mettre en état de parcourir un espace de six ou sept cents lieues dans des mers qui lui étaient inconnues.

» Pendant que le forgeron s’occupait de son travail, d’autres abattaient des arbres, et sciaient des planches. Anson mit la main à cet ouvrage, qui était le plus pénible. Comme on n’avait ni assez de poulies, ni la quantité nécessaire de cordages pour haler la barque à terre, on proposa de la mettre sur des rouleaux. La tige des cocotiers, étant ronde et fort unie, parut propre à cet usage. On abattit quelques-uns de ces arbres, aux bouts desquels on pratiqua des ouvertures pour recevoir des barres. Dans le même temps on creusa un bassin sec ; où l’on fit entrer la barque par un chemin fait exprès depuis la mer jusqu’au bassin. D’un autre côté, on tuait des bœufs, et l’on amassait toutes sortes de provisions. Après avoir délibéré sur ce qui pouvait être employé à l’équipement de la barque, on trouva que les tentes qui étaient à terre, et les cordages que le Centurion avait laissés par hasard pourraient suffire avec les voiles et les agrès de la barque même. Comme on avait quantité de suif, on résolut de le mêler