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qu’il aurait été jeté assez loin de l’île pour se trouver dans l’impossibilité d’y retourner, et qu’il aurait pris la route de Macao ; que, pour se préparer néanmoins à toutes sortes d’événemens, on pouvait s’occuper des moyens de sortir de l’île ; qu’il en avait déjà trouvé un qui consistait à scier en deux la barque espagnole pour l’allonger de douze pieds ; ce qui ferait un bâtiment d’environ quarante tonneaux, et capable de les transporter tous à la Chine ; que les charpentiers qu’il avait consultés sur cette entreprise lui en promettaient le succès, et qu’il ne demandait que les efforts réunis de ceux qui l’écoutaient. Il ajouta qu’il voulait partager le travail avec eux, et qu’il n’exigeait rien d’autrui dont il ne fut prêt à donner l’exemple ; mais qu’il était important de ne pas différer l’ouvrage, et de se persuader même que le Centurion ne pouvait revenir, parce qu’en supposant son retour, il n’en résultait pas d’autre inconvénient que l’inutilité du travail ; au lieu que, s’il ne reparaissait pas, leur infortune et la saison exigeaient d’eux toute la diligence, et par conséquent toute l’activité possible.

» Ce discours releva leur courage, mais ne produisit pas d’abord tout l’effet que leur chef en avait attendu. La ressource même qu’il leur offrait diminuant leur premier effroi, ils commencèrent à se flatter que le retour du Centurion les dispenserait d’un travail pénible, auquel ils auraient toujours le pouvoir de revenir. Cependant, quelques jours d’une vaine attente leur