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de rochers, qu’on n’en avait découvert jusqu’alors. La plupart de ces oiseaux étaient de ceux qui font leur séjour à terre ; et la manière comme le temps de leur arrivée ne laissait pas douter qu’ils ne vinssent le matin de quelque endroit peu éloigné, et qu’ils n’y retournassent le soir. L’heure de leur passage et celle de leur retour, qui variaient par degrés, firent juger que cette différence ne pouvait venir que du plus ou moins d’éloignement de leur retraite.

On eut le vent alisé, sans la moindre variation, depuis la fin de juin jusque vers celle de juillet ; mais le 26 de ce mois, lorsque suivant l’estime on n’était pas à plus de trois cents lieues des îles Mariannes, il tourna malheureusement à l’ouest. Ce fâcheux contre-temps, qui éloignait l’assurance de sortir de peine, et plusieurs accidens irréparables qui arrivèrent au Glocester firent prendre la résolution de brûler ce vaisseau.

Le renfort que son équipage procura au Centurion ne laissait pas d’être extrêmement avantageux pour cet unique vaisseau qui restait de l’escadre ; mais il avait été détourné de son cours, et porté fort loin au nord par une tempête et par les courans. Les pilotes ignoraient à quelle distance ils étaient du méridien des îles Mariannes, et, croyant n’en être pas loin, ils appréhendaient que, sans s’en être aperçus, le courant ne les eût portés sous le vent de ces îles. Il ne se passait point de jour où l’on ne perdît jusqu’à douze hommes ; et, pour