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aussi à renvoyer tous ses prisonniers, à la réserve des mulâtres et de quelques nègres des plus vigoureux.

En quittant la côte d’Amérique, le 6 mai, l’escadre se promettait de faire la traversée du Mexique aux côtes orientales de l’Asie en moins de deux mois. Elle porta au sud-ouest dans le dessein de tomber dans les vents alisés. Mais ils tinrent cette route l’espace de sept semaines avant de rencontrer le vent qu’ils cherchaient, et n’avaient fait que le quart du chemin vers les côtes les plus orientales de l’Asie lorsque, suivant leurs espérances, ils y devaient être arrivés dans cet intervalle. D’ailleurs, les équipages souffraient déjà beaucoup du scorbut. Une grande abondance d’eau douce et de provisions fraîches est un puissant préservatif contre cette maladie. Ces deux secours ne manquaient point aux Anglais. Ils y joignaient d’autres précautions, qui consistaient à nettoyer soigneusement leurs vaisseaux, et à tenir les écoutilles et les sabords ouverts. Cependant les malades ne s’en portaient pas mieux. On avait supposé, en doublant le cap de Horn, que la malignité du mal était venue de la rigueur du temps ; mais un climat chaud n’y changea rien.

Les malheurs communs n’empêchèrent pas d’observer qu’il se passait rarement trois jours de suite sans qu’on vît une grande quantité d’oiseaux, signe certain que ces mers contiennent un plus grand nombre d’îles, ou du moins