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et à trente lieues à l’ouest d’Acapulco. Dans l’étendue de dix-huit lieues, à compter d’Acapulco, on trouve un rivage sablonneux, sur lequel les vagues se brisent avec tant de violence, qu’il est impossible d’y aborder. Cependant le fond de la mer y est si net, que dans la belle saison les vaisseaux peuvent mouiller sûrement à un mille ou deux du rivage. Le pays est assez bon. Il paraît bien planté, rempli de villages, et sur quelques éminences on voit des tours, qui servent apparemment d’échauguettes. Cette perspective n’a rien que d’agréable : elle est bornée, à quelques lieues du rivage, par une chaîne de montagnes qui s’étend fort loin à droite et à gauche d’Acapulco. Les Anglais furent surpris seulement que, dans un espace de dix-huit lieues de pays, le plus peuplé de toutes ces côtes, on n’aperçoive pas le long du rivage une seule barque ni le moindre canot pour le commerce ou pour la pêche.

La saison ne permettant plus aux Anglais de nourrir une vaine espérance, ils ne pensèrent qu’à se délivrer de tout ce qui pouvait retarder leur navigation jusqu’à la Chine. Les trois bâtimens espagnols qu’ils avaient équipés furent sacrifiés à la sûreté du Centurion et du Glocester. Anson prit le parti de les brûler pour faire passer leurs équipages et leurs agrès sur ces deux vaisseaux, qui n’auraient pu résister sans ce secours aux mers orageuses de la Chine, où il comptait arriver vers le commencement des moussons. Il se détermina