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reste est composé de cochenille, de confitures de l’Amérique espagnole, de merceries et de bijoux de l’Europe, pour les femmes de Manille, de vins d’Espagne, de Tinto, ou de seul vin d’Andalousie, pour la célébration de la messe. Cette cargaison prenant peu de place, on monte la batterie d’en bas, qui demeure à fond de cale en venant de Manille. L’équipage est augmenté d’un bon nombre de matelots, et d’une ou deux compagnies d’infanterie, destinées à recruter les garnisons des Philippines. Il s’y joint toujours plusieurs passagers ; de sorte qu’au retour, le galion se trouve ordinairement monté de six cents hommes.

On s’efforce de gagner d’abord la latitude de 13 ou 14°, d’où l’on continue de faire voile, dans ce parallèle, jusqu’à la vue de l’île de Guam. Pour empêcher que le galion ne dépasse dans l’obscurité les îles Marianes, il est ordonné, pendant le mois de juin, aux Espagnols de Guam et de Rota, d’entretenir pendant toutes les nuits un feu allumé sur quelque hauteur.

Le galion, après avoir pris à Guam de l’eau et des rafraîchissemens, en part pour gouverner directement vers le cap Spiritu-Santo. Des signaux que l’on fait sur ce promontoire, et sur d’autres auxquels il est possible qu’il aborde, l’avertissent s’il se trouve des ennemis dans ces parages. Alors son devoir l’oblige d’envoyer à terre, pour s’informer de la force de l’ennemi et de tout ce qu’il peut redouter,