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rent à la hâte le chemin de leurs canots, dans la crainte d’être surpris à leur tour par les insulaires dans un lieu trop éloigné du secours de leurs vaisseaux. Ils repassaient dans le vallon lorsqu’ils entendirent de nouveau les cris des insulaires, accompagnés du bruit de leurs tambours. Se sentant poursuivis de près, ils doublèrent le pas jusqu’au penchant de la montagne, et, malgré la fatigue qui les accablait, ils en gagnèrent le sommet avec toute la diligence dont ils furent capables. La nécessité de reprendre haleine les obligea de s’y arrêter. Les Indiens s’avancèrent en poussant leurs cris ordinaires, et lancèrent une grêle de flèches qui ne blessèrent personne. Les coups de fusil qu’on leur tira, et qui en blessèrent plusieurs, les forcèrent à reculer. Bientôt ils revinrent à la charge, et poursuivirent jusqu’auprès du rivage les Espagnols, qui étaient obligés de temps en temps de faire volte-face pour recharger leurs mousquets et faire feu. La crainte de leurs armes ne portait pas les insulaires à lâcher prise ; lorsqu’ils n’eurent plus de flèches, ils se campèrent sur les pointes des rochers, d’où ils lançaient de grosses pierres aux Espagnols, un soldat en fut blessé. Les Indiens n’abandonnèrent la partie que lorsqu’ils entendirent le bruit du canon des vaisseaux, et qu’ils virent les Espagnols accourir au secours de leur détachement.

On essaya de sortir du port de la Vera-Cruz ; mais il fallut bientôt y rentrer ; un si grand