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nairement à la voile pour Manille au mois de mars, et l’on y arrive dans le cours de juin. Ainsi le voyage est à peu près d’un an. Quoique le plus souvent on n’y emploie qu’un seul vaisseau, il y en a toujours un autre qu’on tient prêt à partir au retour du premier, et deux ou trois en réserve, pour y suppléer dans les cas d’accident qui pourraient interrompre le commerce. Les principaux galions sont égaux en grandeur aux vaisseaux de guerre du premier rang, et peuvent avoir à bord jusqu’à douze cents hommes. Les autres, quoique fort inférieurs, sont des vaisseaux considérables d’environ douze cents tonneaux, montés ordinairement de trois cent cinquante à six cents hommes, et de cinquante pièces de canon. Le commandant prend le titre de général, et porte l’étendard royal d’Espagne au haut du grand mât.

Cette navigation a des règles ou des usages qui s’observent fidèlement. Le galion, quittant le port de Cavite vers le milieu de juillet, s’avance dans la mer orientale, à la faveur de la mousson d’ouest, qui commence au même temps. La fin d’août arrive quelquefois avant que le galion soit dégagé des terres. Alors il porte à l’est vers le nord pour tomber à la hauteur de 30° de latitude et plus, où il trouve les vents d’ouest qui le mènent droit à la côte de Californie. Dans toute la longue traversée, on ne laisse pas tomber une fois l’ancre, depuis qu’on a perdu la terre de vue. Le voyage ne