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commerce qui subsiste entre le Mexique, le Pérou et les Indes orientales. On lui a fait sentir que les soieries de la Chine, transportées directement à Acapulco, se donnaient à beaucoup meilleur marché que celles qui se fabriquent à Valence et dans d’autres villes d’Espagne, et que l’usage des toiles de coton de la côte de Coromandel réduisait presque à rien le débit des toiles de l’Europe transportées en Amérique par la voie de Cadix. En effet, il est clair que ce commerce de Manille rend le Mexique et le Pérou moins dépendans de la couronne d’Espagne, et qu’il détourne de très-grosses sommes qui passeraient en Espagne au profit des marchands et des commissionnaires ; au lieu que ces trésors ne servent qu’à grossir la fortune de quelques particuliers à l’extrémité du monde. Don Joseph Patinho, premier ministre d’Espagne, trouva ces raisons si fortes, que, vers l’année 1725, il prit la résolution d’abolir ce commerce, et de ne permettre le transport d’aucune marchandise des Indes orientales en Amérique que par la voie des vaisseaux de registre. Mais le crédit de ceux auxquels on y attribue le principal intérêt fit avorter ce dessein.

On fait donc partir tous les ans, de Manille, un vaisseau, ou deux au plus, pour Acapulco. Le temps du départ est le mois de juillet. On arrive au port d’Acapulco dans le cours du mois de décembre, ou de janvier ou de février. Après avoir disposé des marchandises, on remet ordi-