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pilote espagnol et un Indien qu’elle avait pour guides s’y fussent reconnus. Mais elle avait enlevé trois pêcheurs nègres, avec la précaution d’efflotter leur canot vis-à-vis d’un rocher où il ne pouvait manquer d’être mis en pièces par les vagues, pour faire croire à ceux qui en trouveraient les débris que les trois nègres avaient été submergés.

Ces prisonniers apprirent au chef de l’escadre qu’il avait manqué l’occasion de surprendre le galion de Manille ; et que ce vaisseau était arrivé au port d’Acapulco dès le 9 janvier ; mais ils ajoutèrent qu’il était déchargé, et qu’après s’être pourvu d’eau et de provisions, il devait remettre à la voile pour les Philippines le 14 mars. Cette nouvelle fut d’autant plus agréable aux Anglais, que la prise du galion devait leur être beaucoup plus avantageuse à son retour qu’avant son arrivée.

Le commerce espagnol des Philippines se faisait autrefois entre le Callao et Manille. Les vents alisés étaient toujours favorables pour ce voyage, et trois ou quatre mille lieues de distance se faisaient souvent en moins de deux mois. Mais le retour de Manille au Callao était très-pénible et très-ennuyeux. On y employait quelquefois plus d’une année, parce que les premiers navigateurs étaient assez ignorans pour se tenir pendant toute la route entre les limites des vents alisés. Ils eurent l’obligation d’une meilleure méthode à un jésuite qui leur persuada de gouverner au nord jusqu’à ce qu’ils fussent sortis