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fant. Ce ne fut que le 25 décembre qu’on eut la vue de l’île des Cocos. Jusqu’au 9 janvier 1742 on ne fit encore que cent lieues. Le vent alisé, dont le souffle se fit alors sentir, ne quitta plus l’escadre jusqu’au 17 janvier. On se trouvait à 12° 50′ nord ; mais il fit place le même jour à un vent d’ouest ; changement qui venait sans doute de ce qu’on s’était trop rapproché de terre, quoiqu’on en fut encore à plus de soixante-dix lieues. Le 26 janvier on était au nord d’Acapulco, et l’on changea de cours pour porter à l’est vers la terre.

Le 26, à dix heures du soir, on décrouvrit une lumière au nord-est. Tout le monde se figura que c’était le galion, objet de tous les vœux de l’escadre ; et chaque vaisseau passa la nuit à faire ses préparatifs pour l’attaque ; mais le lever du soleil fit apercevoir clairement que ce feu était allumé sur la côte. Une si cruelle erreur causa des regrets fort amers : on était sur la route du galion de Manille ; mais la fin de janvier était si proche, qu’on commençait à douter s’il n’était pas arrivé. Les prisonniers assuraient qu’il n’arrivait quelquefois que vers le milieu de février. Ils concluaient même du feu qu’on avait vu sur la côte qu’il était encore en mer, parce que c’était l’usage d’en allumer plusieurs pour lui servir de fanaux, lorsqu’il tardait trop à paraître. On n’avait que trop de penchant à les croire ; et pendant quelques jours, l’escadre s’étendit à douze lieues de la côte, dans un ordre qui ne lui aurait pas per-