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prit, deux jours après, une barque de Panama, destinée pour Cheripe, petit village du continent. Il ne s’y trouva que du fil de caret, du sel de roche, et trente ou quarante livres sterling d’argent : mais on apprit d’elle que Cheripe est toujours rempli de vivres pour en fournir aux bâtimens qui s’y rendent de Panama, et qui en tirent presque toutes les provisions nécessaires à cette ville. Les Anglais auraient pu se saisir sans danger d’un misérable village qui n’est pas capable de défense. Leur provision de tortues répondant à tous leurs desseins, ils se contentèrent de couler la barque à fond pour gagner leur croisière sans obstacle.

En partant de Quibo, le chef d’escadre avait donné de nouveaux ordres aux capitaines. Ils devaient se rendre d’abord au nord d’Acapulco, et reconnaître la terre entre les latitudes de 18 et 19 degrés ; ranger ensuite la côte à huit ou dix lieues de distance, jusqu’à la hauteur du cap de Corientes, où l’on devait continuer de croiser jusqu’au 14 février ; de là il fallait gagner l’île du milieu des Trois-Maries, à vingt-cinq lieues de ce cap. Si les autres vaisseaux ne trouvaient pas le chef d’escadre à cette île, ils devaient se rendre à Macao, sur la côte de la Chine.

On espérait qu’en arrivant en haute mer, on trouverait bientôt les vents alisés ; cependant on fut contrarié pendant près d’un mois par des vents d’ouest, par des calmes et par des pluies excessives, accompagnées d’un air étouf-