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Indiens à la paix ; mais ils ne purent jamais entrer en conférence avec eux. Toujours les insulaires se tenaient en embuscade dans les bois pour attaquer les Espagnols. Le succès néanmoins ne répondit pas à leur attente, car les branches rompaient le coup de leur flèches, tandis qu’elles les paraient mal des balles de fusil.

Toutefois les Espagnols purent se délasser de leurs fatigues. Ils célébrèrent le service divin dans une cabane de verdure placée à l’extrémité d’une belle allée d’arbres ; ils firent la procession de la Fête-Dieu, élevèrent une croix et prirent possession du pays au nom de Philippe iii. Un de leurs détachemens étant un jour allé à la découverte pour chercher des fruits, aperçut du haut d'une montagne un beau vallon qu’il traversa, et gagna une autre montagne à deux lieues de la côte, où le bruit du tambour excita la curiosité des Espagnols. Ils s’approchèrent en silence du village d’où il venait, et où les habitans dansaient gaiement sans aucune défiance. Les insulaires, se voyant surpris, se retirèrent précipitamment vers les montagnes, abandonnant leurs maisons, leurs femmes et leurs enfans ; mais on jugea bientôt qu’ils n’avaient fui que parce qu’on les avait trouvés sans armes. Les Espagnols, restés maîtres du village, ne s’arrêtèrent pas à caresser les femmes ; ils entrèrent dans les maisons, enlevèrent trois jeunes enfans, quatorze cochons et d’autres choses à leur usage, et repri-