Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/319

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour cette pêche sont des esclaves nègres, dont les habitans de Panama et de la côte voisine entretiennent un grand nombre, et qui doivent être dressés avec un soin extrême. Ils ne passent pour des plongeurs parfaits que lorsqu’ils sont parvenus à pouvoir demeurer sous l’eau jusqu’à ce que le sang leur sorte du nez, de la bouche et des oreilles. Après cette épreuve, ils ont beaucoup plus de facilité à plonger. L’hémorrhagie s’arrête d’elle-même, et jamais elle ne les reprend.

Les excellentes tortues de la mer de Quibo dédommagèrent les Anglais de ses mauvaises huîtres ; après s’en être nourris pendant leur séjour dans l’île, ils en firent à bord des provisions qui leur durèrent plus d’un mois. On les voyait souvent flotter en grand nombre sur la surface de la mer, ou elles étaient endormies pendant la grande chaleur du jour. Un bon plongeur se plaçait sur l’avant d’une chaloupe, et lorsqu’il ne se trouvait plus qu’à quelques toises de la tortue qu’il voulait prendre, il plongeait avec l’attention de remonter vers la surface de l’eau fort près d’elle. Alors, saisissant l’écaille vers la queue, il s’appuyait sur le derrière de l’animal qu’il faisait enfoncer dans l’eau, et qui, se réveillant, commençait à se débattre des pates de derrière. Ce mouvement suffisait pour soutenir sur l’eau l’homme et la tortue, jusqu’à ce que la chaloupe vint les pêcher tous deux.

L’escadre remit en mer le 9 décembre : elle