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gouverneur. Mais ces timides guerriers, perdant courage au premier feu qu’on fit sur eux, quittèrent leur poste, et laissèrent la place à la discrétion des vainqueurs. On n’eut pas moins bon marché de la garnison du fort, qui escalada ses propres murs pour se sauver dans les bois. Ainsi, dans l’espace d’un quart d’heure, les Anglais se trouvèrent maîtres de la ville, sans autre perte que d’un homme tué et deux de blessés.

Brett plaça une garde dans le fort ; une autre à la maison du gouverneur, qui s’était enfui un pied chaussé, l’autre nu, abandonnant sa femme, qui n’était âgée que de dix-sept ans, et qu’il n’avait épousée que depuis trois jours ; il mit des gardes, ou du moins des sentinelles à toutes les avenues de la ville ; ensuite son premier soin fut de prendre possession de la douane où les trésors des marchands étaient déposés. Il trouva des magasins remplis de marchandises précieuses, qui étaient tout-à-fait inutiles à l’escadre ; mais le lendemain, lorsqu’on se fut approché avec toutes ses forces, et qu’on entra dans un compte plus exact des fruits de la victoire, les chaloupes suffirent à peine pour le transport du butin. On apprit dans la suite que les Espagnols avaient fait monter leur perte à un million et demi de piastres ; et l’auteur croit que cette somme n’est pas exagérée. À ne compter que ce que les Anglais emportèrent, la vaisselle et l’argent monnayé montaient à plus de trente mille livres sterling. Les joyaux, tels que