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l’alarme en criant de toutes leurs forces, les Anglais ! les chiens d’Anglais ! Leurs cris furent entendus du fort. Bientôt le trouble se répandit dans toute la ville. Brett vit plusieurs lumières qui se promenaient rapidement, et d’autres marques d’une extrême agitation. Il exhorta sa troupe à ramer vivement, pour ôter à l’ennemi le temps de se mettre en défense. Cependant, avant qu’ils pussent gagner la terre, les soldats du fort mirent quelques pièces de canon en état de tirer, et les pointèrent si juste vers le lieu du débarquement, qu’un boulet passa au-dessus de la tête des Anglais.

Mais Brett ne leur laissa pas le temps de lui envoyer une seconde volée. Aussitôt que ses gens furent à terre, un de leurs guides les conduisit à l’entrée d’une rue étroite, à cinquante pas du rivage. Ils s’y trouvèrent à couvert du feu du fort, et s’étant formés comme l’occasion le permettait, ils marchèrent droit à la place d’armes. Le fort fait un des côtés de cette place, et la maison du gouverneur en forme un autre. Quoiqu’ils marchassent en assez bon ordre, leurs cris, qui venaient de leur ardeur et de l’espérance du butin, le bruit de leurs armes et le son de leurs tambours qui se faisaient entendre de toute leur force, persuadèrent aux habitans que l’ennemi était en fort grand nombre, et qu’ils n’avaient pas d’autre ressource que la fuite. Les Anglais n’essuyèrent qu’une décharge de quelques marchands, postés dans une galerie qui entourait la maison du