Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/302

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

teur est la meilleure croisière qu’il y ait sur cette côte, parce que tous les vaisseaux destinés pour le Callao, soit qu’ils viennent du nord ou du sud, cherchent à reconnaître ces deux endroits pour diriger leur cours. Le 5 novembre, vers le milieu du jour, on eut la vue des hauteurs de Barranca, située par 10° 36′ de latitude méridionale. On en était à huit ou neuf lieues, lorsqu’on eut la satisfaction si longtemps désirée d’apercevoir un vaisseau. Le Centurion lui donna la chasse à toutes voiles, et le joignit en moins d’une heure. Il se rendit, après avoir essuyé quatorze coups de canon. C’était la Santa-Theresa-de-Jésu, bâtiment de Guayaquil, et du port d’environ trois cents tonneaux. Il était chargé, pour le Callao, de bois de charpente, de fil de pite, de draps de Quito, de cacao, de cocos, de tabac, de cuirs, de cire, et d’autres marchandises. Les espèces qui se trouvèrent à bord ne montaient qu’à cent soixante-dix livres sterling. La charge aurait été de grande valeur, si les Anglais en avaient pu disposer ; mais, comme il est défendu aux Espagnols de rançonner jamais leurs vaisseaux, la plupart des choses qu’on leur prend dans ces mers n’ont pas d’autre utilité, pour le vainqueur que celle qu’il en peut tirer pour son propre usage : aussi les Anglais faisaient-ils consister leur principal avantage dans le mal qu’ils causaient à leurs ennemis.

Outre l’équipage, qui montait à quarante-cinq hommes, leur prise avait à bord quatre