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sité qui força les autres vaisseaux de quitter leur croisière pour l’assister, donnèrent le temps aux navires espagnols d’arriver au port de Valparaiso. On ne découvrit pas une seule voile ennemie jusqu’au 5 novembre, et l’on ne douta plus alors que les habitans de Valparaiso ne voyant pas paraître le Carmel et l’Aranzanu, n’eussent formé des soupçons qui leur avaient fait mettre un embargo sur tous les vaisseaux marchands de leur côté. Il était à craindre aussi que le vice-roi ne fît travailler actuellement à remettre son escadre en mer ; car un exprès n’emploie pas ordinairement plus de vingt-neuf ou trente jours pour se rendre par terre de Valparaiso à Lima, et cinquante jours s’étaient déjà passés depuis la prise du Carmel. Ce double sujet de crainte détermina les Anglais à se rendre avec toutes leurs forces sous le vent du Callao, pour se mettre en état de combattre l’escadre espagnole. Ils naviguèrent assez loin de la côte pour ne pas être découverts. Anson n’ignorait pas qu’il est défendu, sous de rigoureuses peines, à tous les vaisseaux du pays de passer le port du Callao sans y relâcher : c’était se trahir soi-même que de violer une loi constamment observée. L’incertitude du lieu où l’on pouvait rencontrer les Espagnols le fit porter au nord. Il reconnut la petite île de Saint-Gallan, située vers les 14° de latitude méridionale, à cinq milles au nord d’une hauteur nommée Morro Veijo, ou Mont du Vieillard. L’espace entre l’île et cette hau-