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destinée à traverser leurs desseins ; mais que Pizarro, malgré tous ses efforts pour doubler le cap de Horn, avait été obligé de retourner au Rio de la Plata, après avoir perdu deux de ses plus gros vaisseaux. Ils surent aussi que de la Plata cet amiral avait averti les Espagnols du Pérou qu’une partie de l’escadre anglaise pouvait passer avec succès dans le grand Océan ; mais que, jugeant par sa propre expérience qu’elle y arriverait faible et peu capable de défense, il conseillait au vice-roi d’armer en guerre les vaisseaux qu’il pourrait employer à cet usage, et de les envoyer vers le sud, où vraisemblablement ils surprendraient ceux des Anglais l’un après l’autre avant qu’ils pussent trouver l’occasion de se procurer des rafraîchissemens. Le vice-roi, goûtant ce conseil, avait fait équiper sur-le-champ quatre vaisseaux qui étaient partis du Callao ; un de cinquante pièces de canon, deux de quarante, et un de vingt-quatre. Trois de ces bâtimens avaient reçu ordre de croiser à la hauteur du port de la Conception, et l’autre à celle de Juan Fernandès. Ils avaient gardé leurs postes jusqu’au 6 juin ; mais n’ayant pas vu paraître les Anglais, ils avaient repris alors la route du Callao, dans la pleine persuasion que leurs ennemis n’avaient pu tenir si long-temps la mer, et que, s’ils n’étaient pas abîmés dans les flots, ils avaient pris du moins le parti de retourner vers l’Europe. Ces vaisseaux espagnols avaient été dispersés par une tempête pendant qu’ils étaient en croi-