Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/287

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait été en relâche depuis le milieu de mai, c’est-à-dire, près d’un mois avant que le Centurion eût jeté l’ancre dans l’île de Juan Fernandès. Il s’était trouvé à quatre lieues de terre, le 16 mai, à 45° 15′ de latitude sud. Ensuite un vent ouest-sud-ouest l’ayant fait dériver vers la côte, le capitaine, las peut être de tenir la mer, ou dans la crainte de ne pouvoir se soutenir contre le vent, avait porté directement vers des îles qui se présentaient en grand nombre. Il eut le bonheur de trouver un mouillage à l’est de l’île d’Inchin ; mais, ne s’étant pas placé assez près de l’île, et l’équipage n’étant pas assez fort pour filer du câble aussi promptement qu’il était nécessaire, le vaisseau fut poussé à l’est. On continua de dériver, et le lendemain on jeta la maîtresse ancre, à la faveur de laquelle on résista quelque temps ; mais le jour suivant, ayant recommencé à chasser sur les ancres jusqu’à un mille de terre, on ne s’attendait qu’à échouer dans un endroit où la côte paraissait haute et fort escarpée. Les canots faisaient beaucoup d’eau ; il ne se présentait aucun lieu où l’on pût aborder : tout l’équipage se crut perdu, avec d’autant moins de ressource, que ceux mêmes qui eussent pu gagner le rivage ne devaient attendre aucun quartier des insulaires du pays, qui ne connaissaient d’Européens que les Espagnols auxquels ils portaient une haine mortelle. Cependant le vaisseau s’approchait toujours des rochers terribles qui forment la côte, lorsqu’au moment où sa perte