Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reçurent ordre de se rendre sur le rivage au premier coup de canon qui serait tiré du vaisseau. Leurs occupations étaient de se procurer des rafraîchissemens, de couper du bois, et de faire de l’huile de la graisse des lions marins. Cette huile s’employait à divers usages : elle servait pour la lampe ; on la mêlait avec de la poix pour goudronner les côtés du vaisseau, ou avec des cendres pour les espalmer. Quelques matelots furent employés à saler de la morue, sur l’idée que firent naître au chef d’escadre deux pêcheurs de Terre-Neuve qu’il avait à bord ; mais cette provision, qui devint assez considérable, fut presque entièrement négligée, dans la crainte qu’elle ne causât le scorbut, comme toutes les autres salines. On avait fait construire à terre un four de cuivre, et l’on y cuisait du pain frais pour les malades.

Le 16 août on découvrit, du côté du nord, un vaisseau qui fut bientôt reconnu pour la pinque l’Anne : son arrivée fut regardée comme une faveur du ciel. On rendit la ration de biscuit entière à tous les équipages, et le chef d’escadre fut délivré de la crainte de manquer de provisions avant de pouvoir gagner un port ami ; malheur qui l’aurait laissé sans ressource au milieu d’une si vaste mer. Il parut fort surprenant que l’équipage d’un vaisseau qui arrivait au rendez-vous deux mois après les autres fût en état de faire la manœuvre sans aucun signe de faiblesse ; mais on apprit qu’il