Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/283

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

leur peau un amas de graisse mollasse, au moindre mouvement qu’ils veulent faire. Cependant il faut se garder de leurs dents. Tandis qu’un matelot en écorchait tranquillement un jeune, la mère se jeta sur lui lorsqu’il s’en défiait le moins, et lui prit la tête dans sa gueule. La morsure fut si forte, qu’il en eut le crâne fracassé ; et tous les soins du chirurgien ne purent lui sauver la vie.

L’île de Juan Fernandès n’a pas d’autres oiseaux que des faucons, des merles, des hiboux et des colibris. Les Anglais n’y virent point l’espèce d’oiseaux qui se creuse des nids en terre. Cependant ayant trouvé plusieurs de leurs trous, ils jugèrent que les chiens les avaient détruits. Tous les chats que Selkirk y vit en si grand nombre doivent avoir eu le même sort, puisque dans un long séjour ils n’en aperçurent qu’un ou deux. Mais les rats s’y sont maintenus avec tant d’ascendant, que toutes les nuits ils causaient beaucoup d’incommodité dans les tentes.

Enfin, la baie fournit plusieurs espèces de poisson. Les morues surtout y sont d’une grosseur prodigieuse, et n’y sont pas en moindre abondance que sur les côtes de Terre-Neuve. Le rivage est si couvert de rochers et de cailloux, qu’il est impossible d’y tirer la seine ; mais on y pêche aisément à l’hameçon, et, dans l’espace de deux ou trois heures, deux lignes suffisent pour charger une chaloupe. Le seul obstacle vient des requins, et d’autres poissons