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Cependant cette chair leur paraissait d’un goût si friand, qu’à force de travail et d’assiduité, ils parvinrent à connaître tous les troupeaux.

Les chiens, qui les ont détruites ou chassées de toutes les parties accessibles de l’île, sont de différentes espèces qui ont extrêmement multiplié. Ils venaient quelquefois rendre visite aux Anglais pendant la nuit, et leur dérobaient leurs provisions. Ils attaquèrent même quelques matelots, qui eurent besoin de secours pour s’en délivrer. Depuis que les chèvres ne leur servent plus de nourriture, on suppose qu’ils vivent principalement de jeunes phoques. Les Anglais, ayant mangé de leur chair, observèrent qu’elle avait un goût de poisson.

Dans la difficulté de tuer les chèvres, les équipages qui commençaient à se dégoûter de poisson, mangèrent aussi des phoques, dont on voit deux espèces sur les côtes de cette île, le phoque commun et le lion marin.

Les lions marins, dans toute leur taille, peuvent avoir depuis douze jusqu’à vingt pieds de long, et depuis huit jusqu’à quinze de circonférence. Ils sont si gras, qu’après avoir fait une incision à la peau, qui n’a pas moins d’un pouce d’épaisseur, on trouve au moins un pied de graisse avant de parvenir à la chair ou aux os. La graisse des plus gros fournit jusqu’à cinq cents pintes d’huile. Ils ne laissent pas d’être si sanguins, qu’en leur faisant de profondes blessures dans plusieurs endroits on voit sortir